Histoire

article | Temps de Lecture10 min

Les événements marquants de la place de la Concorde

La place de la Concorde occupe une position stratégique dans Paris. Entre le Louvre, la place de la Madeleine, l'Assemblée Nationale et les Champs-Élysées, elle est au cœur de l'exercice du pouvoir français. Tout au long des deux siècles de son existence, elle a été le témoin de nombreux événements mémorables de l'Histoire de France.

Une fête qui tourne au drame

C'est jour de fête sur la toute nouvelle place Louis XV ! En ce 30 mai 1770, on fête le mariage du dauphin de France, futur Louis XVI, et de l'archiduchesse d'Autriche, Marie-Antoinette. Pour l'occasion un grand bal est donné dans les salons d'honneur du palais du Garde-Meuble de la Couronne et deux jours de festivités sont organisés sur la place avec les Parisiens. 

Au programme : un magnifique feu d'artifice lancé depuis la place.

Des milliers de Parisiens sont au rendez-vous quand soudain… la fête tourne au drame ! Une fusée du feu d'artifice part de travers et atterrit sur le stock du bouquet final. L'explosion provoque un incendie et un énorme mouvement de foule. Les chroniqueurs de l'époque parlent de 1 200 morts. Le bilan s'établit en réalité à 132 décès et plusieurs centaines de blessés. Un drame épouvantable pour l'un des premiers événements célébrés sur la place.

Feu d'Artifice tiré à la Place de Louis XV le 30 Mai 1770 à l'occasion du Mariage de Louis Auguste Dauphin de France avec l'Archiduchesse Marie Antoinette Sœur de l'Empereur; Anonyme , Graveur Basset, 1770

© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

L'installation de l'obélisque : une prouesse technique

Dans les années 1820, Jean-François Champollion, sans doute l'égyptologue français le plus célèbre, déchiffre les hiéroglyphes. Quelle avancée pour l'archéologie mais aussi quelle découverte pour l'Égypte !
En guise de remerciement, Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte, offre à Charles X et à la France les deux obélisques ornant l'entrée du temple de Louxor. C'est Champollion lui-même qui choisira de n'emporter que celui de droite en 1830.

Mais transporter un tel monument - 23 mètres de haut pour 222 tonnes - sur 5 000 km n'est pas une mince affaire. On construit un navire spécialement pour l'occasion afin d'acheminer ce lourd présent sur le Nil, en pleine mer et sur la Seine. Il faudra près de 2 ans et demi à l'obélisque pour faire le trajet jusqu'à Paris.

Il est enfin érigé le 25 octobre 1836 au centre de la place grâce à un ingénieux système de machines élévatrices et de cabestans. 

Louis-Philippe, alors roi des Français, assiste à ce moment historique depuis les salons de l'Hôtel de la Marine. Pas vraiment certain de la réussite de l'opération et voulant éviter tout ridicule, il attendra que l'obélisque se dresse fièrement sur son socle pour apparaître sur la loggia et recueillir les ovations de la foule présente. Bel exemple de mise en scène !

Le saviez-vous ? En 1976, la momie de Ramsès II doit subir une intervention « chirurgicale » pour la sauver d'une attaque de champignon. L'opération se fera au Musée de l'Homme, à Paris. Le pharaon a pour l'occasion obtenu un passeport égyptien lui permettant d'entrer sur le sol français. Sa profession ? « Roi décédé ». L'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt, en charge du projet, demandera à ce que l'hélicoptère transportant la momie fasse un détour par la place de la Concorde pour lui présenter son obélisque trônant en plein cœur de Paris !

Érection de l'obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836, Dubois, François , Peintre, 1836

© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

La semaine sanglante

Après la défaite de la France lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et du siège de Paris, la situation politique française est très instable. En mars 1871 éclate une insurrection violente, la Commune de Paris, une période de violences civiles dans Paris dont le point d'orgue est la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871.

Replié à Versailles, le gouvernement lance une « reconquête » de la ville avec une répression de l'insurrection dans le sang. Les communards incendient les bâtiments importants de Paris afin de ralentir l'avancée des troupes de Thiers. De nombreux monuments, archives et œuvres d'art ont disparu à cette occasion comme le palais des Tuileries ou les archives de Paris.

L'Hôtel de la Marine, occupé jusque-là par les communards, ne doit son salut qu'au refus de deux citoyens d'incendier le bâtiment : François Gablin, chef du matériel du ministère de la Marine qui habite sur place et Ludovic Matillon, comptable. Les insurgés abandonnent les lieux et évacuent les blessés qui s'y trouvaient dès le 23 mai.

Lors de la Commune, Gablin cache aux communards des trésors présents dans l'Hôtel de la Marine : des pièces d'argenterie et des médailles dans une fosse d'aisance, 1 600 fusils et pistolets dans les conduits de cheminées de pièces non habitées. 

Barricade place de la Concorde - rue Saint-Florentin, 8ème arrondissement, Paris, 1871. Collard, Augustin-Hippolyte , Photographe, 1871

© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Des avions allemands au cœur de Paris

Pour soutenir l'emprunt national pour la libération voté par le ministère de la Guerre en septembre 1918, une exposition d'armes et matériels de guerre volés aux allemands est installée sur la place de la Concorde.

Chars, ballons captifs (type de montgolfières reliés au sol par un câble), pièces d'artillerie, le gouvernement expose la supériorité de l'armée française capable de battre la technologie militaire allemande.

Au lendemain de l'armistice, la foule des Parisiens saccage les avions allemands exposés en face de l'Hôtel de la Marine.

Dès 1919, le défilé militaire commémoratif de la victoire relie l'Arc de triomphe à la place de la Concorde.

Guerre 1914-1918. Avions allemands exposés place de la Concorde, à Paris.

© Maurice-Louis Branger

Paris libéré !

Pendant la guerre, l'Hôtel de la Marine est occupé par la Kriegsmarine, la Marine de guerre allemande.

À l'aube du 25 août 1944, les troupes du général Leclerc, la fameuse 2ème division blindée entre dans Paris. Son objectif : les quartiers de la Concorde et de l'Opéra et la rue de Rivoli où se trouvent le siège du haut commandement militaire nazi. Il est 16h30 lorsque les derniers soldats allemands présents dans l'Hôtel de la Marine capitulent et que le capitaine de corvette Georges Laurent de Faget plante le drapeau tricolore entre les colonnes de la loggia. Paris est libéré !

Le lendemain, le Général de Gaulle ravive la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de triomphe et descend, à pied, les Champs-Élysées jusqu'à la place de la Concorde où la foule en liesse s'est rassemblée pour fêter la victoire.

Fête de la Libération. Place de la Concorde, 20 octobre 1918, Ménanteau, Godefroy , Photographe

© Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Le dossier thématique

La place de la Concorde

Dossier | 2 contenus

Dossier d'article -1920 x 807.png